Renforcement de l’Infrastructure Qualité pour l’Energie Solaire au Maghreb
Le contexte
Les pays Maghreb sont en situation d’avantage concurrentiel naturel en ce qui concerne la production d’énergie à partir de sources renouvelables. L’utilisation d’énergie solaire est une opportunité pour ces pays de couvrir leurs propres besoins, croissants, en énergie tout en générant des recettes à l’export et en favorisant l’industrialisation et l’innovation. La mise en place d’une industrie locale de production d’énergie à partir de sources renouvelables ainsi que l’augmentation de la valeur ajoutée au cours de ce processus peut permettre la création d’emplois pour les populations locales.
Dans les pays du Maghreb, l’utilisation d’installations solaires thermiques pour produire de l’eau chaude est une technique répandue, à un degré moindre pour l’Algérie où le déploiement de cette technologie reste en deçà des possibilités du pays et ce malgré les objectifs ambitieux affichés dans le programme national des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique ainsi que quelques tentatives tel le programme ALSOL qui soutenait, à travers le FNME ( Fonds National pour la Maîtrise de l’Energie), l’acquisition par les particuliers d’un chauffe-eau solaire à concurrence de 40% de son coût installé.
Dans les pays du Maghreb, l’infrastructure qualité requise n’est souvent disponible qu’en partie et les connaissances des pratiques internationales sont limitées. Les institutions de normalisation et les organismes d’accréditation n’ont pratiquement pas de connaissances en matière d’énergie solaire et ne sont pas en mesure d’offrir les services requis au secteur privé. Pour pouvoir procéder aux essais des collecteurs ou des systèmes, il faut également que les laboratoires d’essais acquièrent de plus amples connaissances. Les instituts de métrologie quant à eux, ne sont pas encore en mesure d’étalonner tous les instruments de mesure nécessaires à des fins d’assurance qualité. La recherche et l’enseignement ne sont pas suffisamment interconnectés et ne sont pas axés sur les besoins du secteur. Cette situation explique dans une large mesure les insuffisances constatés sur la qualité des installations solaires thermiques, que ce soit du point de vue des performances ou du point de vue de la durabilité et de la fiabilité.
Cet état de fait peut porter atteinte à la crédibilité de cette filière prometteuse vis-à-vis des consommateurs et risque par conséquent de mettre, à terme, en péril le succès des programmes publics de promotion du chauffe-eau solaire.
Le projet
Pour assurer un développement efficace et durable de l’énergie solaire, les pays du Maghreb doivent consolider leur infrastructure de qualité (I.Q.). Ceci passe par un renforcement des capacités des acteurs dans les domaines de la normalisation, de l’évaluation de conformité, de la métrologie et de l’accréditation des laboratoires. Cette mise à niveau devrait être promue dans un contexte d’harmonisation régionale et en établissant un lien plus consistant entre les acteurs de l’I.Q. et ceux de la recherche et de l’éducation ainsi que le secteur privé, qui représentera à court terme la cible essentielle des services de l’I.Q. Le projet régional « Renforcement de l’Infrastructure Qualité pour l’Energie Solaire au Maghreb » devra se dérouler sur une période de quatre années dans sa première phase et focalisera sur la technologie des chauffe-eau solaires, en voie d’expansion ou de développement dans les pays du Maghreb.
Le projet devra aboutir à la mise en place d’une infrastructure qualité complète (voir encart) concernant cette technologie, notamment pour le volet Laboratoire, la réalisation d’un banc d’essai normalisé pour capteurs et chauffe-eau solaires au sein du CDER ainsi que la mise en place d’un laboratoire d’étalonnage de pyranomètres pour le volet Métrologie. Concernant le volet formation, il est prévu de développer un module ’qualité’ dans le domaine du solaire thermique à introduire dans les cursus de formations post-graduées en énergies renouvelables, solaire notamment au sein des universités et instituts de formation.
Le projet a été initié août 2012 et regroupe les organismes nationaux de l’I.Q. pour chaque pays partenaire du projet (Algérie, Tunisie, Maroc, Mauritanie). Il est coordonné par le PTB (organisme national allemand de métrologie) et est doté d’un budget de deux (02) millions d’euros dans sa première phase. Il est cofinancé par le ministère allemand de l’économie et de la coopération (BMZ).
Le projet se compose de cinq champs d’intervention :
(a) soutien aux établissements d’enseignement et mise en place de réseaux régionaux spécialisés,
(b) développement des compétences au sein des instituts nationaux de normalisation en matière d’énergie solaire,
(c) amélioration de l’évaluation de la conformité des installations solaires thermiques,
(d) amélioration de la traçabilité métrologique,
(e) campagnes de sensibilisation et d’information sur le thème de l’infrastructure qualité auprès des décideurs (agences de l’énergie) et des groupes cibles (secteur privé).
Objectifs
Les objectifs fixés en commun accord avec les partenaires sont les suivants :
L’objectif global : Les institutions et les entreprises mandatées pour la mise en œuvre des plans solaires nationaux au Maghreb peuvent atteindre leurs objectifs dans le domaine de l’énergie solaire grâce à une infrastructure qualité efficace et des personnels qualifiés ;
Les objectifs spécifiques : La capacité productive de l’infrastructure qualité maghrébine est consolidée pour une technologie de l’énergie solaire (chauffe-eau solaires) et sa mise en réseau avec des institutions de formation est améliorée.
Partenaires algériens dans le projet
Volet Laboratoires : (Essais CES & Etalonnage pyranomètres) : CDER (Centre de Développement des Energies renouvelables),
Volet Normalisation : IANOR (Institut Algérien de Normalisation),
Volet Métrologie : ONML (Office National de Métrologie Légale),
Volet Accréditation : ALGERAC (Organisme Algérien d’Accréditation),
Volet Enseignement/Formation : USTHB (Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene) et USTO (Université des Sciences et de la Technologie d’Oran).
Volet Agence et Opérateurs de l’énergie : CREDEG (MEM).
Personne contact au CDER : Abdelkrim Chenak a.chenak[at]cder.dz
Infrastructure Qualité : Le terme d’"infrastructure qualité" désigne l’ensemble des éléments faisant partie de la métrologie, de la normalisation, des essais, de la gestion de la qualité, de l’évaluation de la conformité ainsi que de la certification et de l’accréditation. Ces éléments sont non seulement très étroitement liés les uns aux autres mais représentent plutôt un réseau dont les liens logiques s’appuient sur une hiérarchie de spécialistes. C’est pourquoi le bon fonctionnement du système repose sur tous ces éléments dans leur intégralité. Le réseau, qu’il soit national ou régional, doit être axé sur l’observation de critères internationaux. Il s’agit là d’une condition sine qua non pour permettre une participation aux échanges internationaux de marchandises et de services. L’infrastructure qualité est au service aussi bien des producteurs que des consommateurs : sans elle, les échanges ne seraient pas possibles, dans un même temps, elle assure la protection de la santé et de l’environnement.
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