Les émissions de CO2 atteindraient un nouveau record de 40 milliards tonnes en 2014
Le Sommet Planétaire de l’Organisation des Nations Unies sur les Changements Climatiques se tiendra cette semaine à New York en présence des chefs d’états de plus de 196 pays, des représentants du monde de la finance, des entreprises et de la société civile. Le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a déclaré à propos de ce sommet que "L’action sur les changements climatiques est urgente".
Dans ce contexte, il est opportun de faire la lumière sur quelques constats et présenter l’état des lieux du bilan carbone global. Actuellement, nous vivons dans une nouvelle ère géologique baptisée par les scientifiques "Anthropocène". En effet, l’"anthropocène" est un terme formulé par l’éminent scientifique et Prix Nobel de Chimie, le Professeur Paul Crutzen du Prestigieux Institut Allemand Max-Planck de Chimie, pour désigner une nouvelle période géologique où l’influence des activités humaines ou anthropiques sur le système terrestre est prédominante.
Pour l’année 2013, l’empreinte humaine sur l’environnement est marquée par une hausse de 2.3% d’émissions de dioxyde de carbone (CO2) correspondant à 36 milliards tonnes d’émissions de CO2. L’analyse de ces résultats montre une augmentation de 61% d’émissions par rapport à 1990, année de signature du protocole de Kyoto ; la combustion de l’énergie fossile et la production du ciment sont les principales sources d’émissions.
Selon l’étude publiée par Prof Pierre Friedlingstein dans la prestigieuse revue "Nature Geoscience [1], dans le numéro de 21 Septembre 2014, les projections pour l’année 2014 des émissions mondiales de dioxyde de carbone, en hausse de 2,5%, devraient atteindre un niveau record à 40 milliards de tonnes. Ainsi, les émissions cumulées de CO2 dans l’atmosphère, atteindront un niveau record de 2000 milliards de CO2, record jamais atteint depuis 1870.
La Chine est le plus grand pollueur de la planète pour l’année 2013 avec un dégagement de 28% de CO2. Il est suivi par les Etats Unis d’Amérique (14%), l’Union Européenne (avec 28 membres, 10%) et l’Inde (7%). Ils comptent ensemble 58% de l’émission mondiale.
Le taux de croissance d’émissions dans ces pays, entre 2012 et 2013, était de 4,2% pour la chine, 2.9% pour les USA, 1,8% pour les pays de l’Union Européenne et 5,1% pour l’Inde. En 2013, les émissions mondiales de CO2 par personnes et par an était de 5,1 tonnes de CO2 avec 16,4 tonnes de CO2 aux USA, 7,2 tonnes de CO2 en Chine, 6,8 tonnes de CO2 dans les pays de l’UE et 1,9 tonne de CO2 en Inde.
La croissance annuelle de la concentration atmosphérique du CO2 de 2,54 parties par million (ppm) correspondant à 19,8 milliards tonnes de CO2 était significative en 2013 et dépassait la moyenne de 15,8 milliards tonnes de CO2 par an. Elle reflète, d’une part, l’augmentation de l’émission générée par l’énergie fossile et d’autre part, une faible séquestration de CO2 dans l’océan et le sol comparée à la décennie précédente. L’Océan et le sol ont éliminé seulement 27% et 23% de l’émission totale, 5O% d’émissions de CO2 sont restées dans l’atmosphère. La concentration atmosphérique globale de CO2 a atteint 395 ppm en 2013. Elle est 43% au-dessus de la concentration enregistrée au début de la révolution industrielle (près de 277 ppm en 1750). La concentration actuelle du CO2 est la plus élevée durant au moins 800 000 ans. Il est important de souligner que la mesure de la quantité d’accumulation de CO2 atmosphérique est la plus précise dans le bilan du carbone global.
Face à ce rythme effréné d’émission de dioxyde de carbone, et pour pouvoir maintenir le réchauffement global moyen à un niveau en dessous de 2°C, des mesures drastiques de réduction d’émission de carbone doivent être prises.
Les objectifs du sommet de New York, ont été clairement définis par le Secrétaire Général de l’ONU : "un accord climatique universel et significatif l’an prochain à Paris" et l’adoption de "mesures ambitieuses pour réduire le niveau des émissions de gaz à effet de serre et renforcer la résilience".
Le CDER est membre dans le Comité Scientifique du Pilotage de l’un de ses principaux projets (International Global Atmospheric Chemistry, IGAC).
Prof. Noureddine Yassaa, Directeur du CDER
Référence : [1] P. Friedlingstein et al., Persistent growth of CO2 emissions and implications for reaching climate targets, Nature Geoscience, (2014), doi:10.1038/ngeo2248.
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